
Avec la digitalisation, on assiste à une bataille économique virtuelle dont les trois principaux acteurs sont les banques, les opérateurs télécoms et les start-ups de la finance et du « crowdfunding ». D’un côté Orange, Bouygues, SFR, Free et les FinTechs. De l’autre côté, les grands réseaux bancaires, le Crédit Agricole, le Crédit Lyonnais, BPCE, le Crédit Mutuel, la Société Générale, BNP Paribas et La Banque Postale. L’enjeu commun est la fidélisation dans la durée avec un contrôle direct de la relation client, puisque les trois acteurs ont accès à toutes les données professionnelles et privées de la vie de leurs clients.
Face à des clients enclins à changer facilement de banque ou d’opérateur télécom et face à un contexte règlementaire français porteur et favorable à cette mobilité, nous assistons à la naissance de nouveaux acteurs bancaires présentant des services d’innovations de ruptures orientées client.
Dans cet environnement innovant, les banques conservent des atouts majeurs et en premier lieu celui de la sécurité. Plus de 8 français sur 10 considèrent ainsi que la connexion à la banque en ligne est sécurisée. L’enjeu va être de proposer un service digital fluide sans entraîner de perte de confiance.
Malgré cela, une étude publiée par EY en 2012 a indiqué que la confiance des clients vis-à-vis de leurs banques a diminué de 40% au niveau mondial.
S’ajoute à cela l’arrivée des nouveaux acteurs bancaires qui présentent un réel danger pour les banques.
En France, on assiste à une véritable rencontre entre un monde des télécoms et des FinTechs qui veulent étendre leur portefeuille d’offres et des clients qui ont une réelle appétence pour les services bancaires digitaux à moindres coûts. Mais, pour réussir, ces nouveaux acteurs ont comme enjeu de proposer une large de gamme de services financiers pouvant s’étendre de la tenue de compte au crédit à la consommation et à l’assurance.
Par conséquent, la création de services bancaires par les télécoms s’accélère. Ils agissent comme un levier de croissance et de fidélisation pour ce secteur bousculé.
Nouveaux acteurs bancaires
Prenons quelques exemples :
- Orange money consiste à convertir de l’argent en monnaie stockée sur un portefeuille électronique, pour des transferts en toute sécurité. Ce service traite plus de 400 millions d’Euros de transactions par mois et est très utilisé principalement sur le continent africain.
- Orange Finance est un service bancaire 100 % mobile en partenariat avec mBank à destination d’une clientèle jeune et digitalisée. Ce service, lancé en Pologne, permet l’accès à tous les services qu’une banque propose via une application ergonomique et intuitive. Les clients peuvent ouvrir directement un compte depuis leur téléphone (compte courant, de dépôt, d’épargne) et installer une carte de paiement sans contact. Il existe également une application sans contact.
- Orange Bank (ex Groupama Banque) compte proposer la quasi-totalité des services bancaires traditionnels, des offres innovantes, simples et lisibles adossées à la puissance d’un réseau physique avec comme avantages des tarifs attractifs, des frais réduits et des délais courts.
Le groupe Orange compte sur l’enrôlement de leurs abonnés télécom via des applications installées sur leur smartphone ou via un support physique accessible dans un premier temps au niveau de 140 boutiques Orange avec un personnel formé pour aller jusqu’à la souscription d’un compte bancaire auprès de Orange Bank.
Un autre indicateur peut inquiéter les établissements bancaires traditionnels : 21% des clients sont prêts à donner leurs identifiants bancaires à un établissement de paiement autre qu’une banque, c’est-à-dire à un agrégateur de comptes ou à un tiers de paiement. Les deux leaders historiques dans ce service financier sont Linxo et Bankin. Ils ont réussi à convaincre les réticences des internautes qui doivent au préalable renseigner identifiants et mots de passe de leurs banques en ligne. Ainsi, ils n’auront plus besoin de se connecter à chacun de leurs comptes bancaires séparément. Ces applications proposent la consultation des différents comptes en un seul clic et permettent aussi d’effectuer des opérations de virement entre leurs différents comptes en respectant certaines conditions. Les conseillers de ces agrégateurs effectuent des diagnostics et proposent dans la suite des solutions en terme de gestion de patrimoine, de placements financiers et de leur optimisation. Ainsi les e-conseillers de ces nouveaux acteurs bancaires entrent en concurrence frontale avec les conseillers bancaires classiques.
- L’acteur PayTop permet d’avoir une carte bancaire multidevises à alimenter avec le montant et la devise souhaitée. Une fois à l’étranger, la carte est utilisée comme une carte locale, les frais d’utilisation sont limités à 30€.
- Les géants de l’internet Amazon, Google et maintenant Facebook ne font plus mystère de leurs velléités de développement dans les services financiers. Au-delà du risque de perte de parts de marché, il s’agit, pour tous les acteurs financiers, d’exploiter les données des consommateurs, si précieuses pour leur proposer des offres ciblées.
- D’autres acteurs bancaires viendront concurrencer frontalement les banques lors de l’entrée en vigueur de la nouvelle directive européenne sur les services de paiement (DPSP2).
Pour résumer, malgré l’arrivée des nouveaux acteurs bancaires dans l’environnement économique actuel, les banques seraient dans leur rôle si elles utilisaient les données liées aux transactions bancaires pour proposer des offres bancaires personnalisées. Plus surprenant encore : 26 % des français estiment que les banques pourraient utiliser ces données pour proposer des offres extrabancaires en lien avec leurs usages et leurs centres d’intérêts, via leurs partenaires. Cette proportion monte jusqu’à même à 33% chez les 18-34 ans. En effet, les banquiers ont une base clients si vaste et détaillée qu’ils peuvent très bien s’ouvrir à toutes les formes de commerce. Les banquiers vendent de l’argent sous toutes ses formes, des crédits, des rentes, des assurances… Ils pourraient aussi vendre des voyages, des voitures, etc. La banque moderne est un hypermarché très vite digital. Elle connait son client, sait ce qu’il consomme et avec quel argent. Elle sait aussi quel magasin il fréquente et quelle voiture il utilise. Elle connait les habitudes et lieux de consommation de ses clients.
La seule véritable question qui oppose les nouveaux acteurs bancaires et les banques traditionnelles, c’est le rapport de confiance. Est-ce que les clients peuvent avoir confiance dans Orange Bank, Free, Bouygues, Linxo, Bankin, Finansemble.fr, Paytop, Transferwise pour gérer leurs argents ?
Il semblerait que les nouveaux acteurs bancaires ont un bel avenir devant eux pour développer leurs ambitions.
Mina M.