Stress tests américains et européens, quelles différences ?

Stress tests américains et européens, quelles différences ?

Les exercices de stress test ont été mis en place afin de respecter les exigences du Pilier II de la réglementation bâloise, celle-ci étant désormais plus stricte envers les banques. Les fonds propres devant être au minimum de 8% de l’ensemble de leur engagement afin de respecter le ratio de Cook ou le ratio de Mc Donough. Des scénarios de stress test ont été établis par l’EBA (European Banking Authority) et la FED (Federal Reserve System) afin de vérifier la capacité de résistance des institutions financières face à des évolutions extrêmes, vérifiant ainsi les exigences prudentielles en scénario de crise.

L’objectif est dans un premier temps de comparer les conséquences des scénarios liés aux stress test établis par l’EBA et la Fed puis dans un second temps de mettre en relief les différences entre la méthodologie de la FED et celle de l’EBA.

Scénario de stress test réalisé par la FED

Dans le cas d’un scénario américain de stress test défavorable sur des variables systémiques (réalisé sur des variables macro-économiques), les conséquences d’un tel scénario seraient :

  • Une incertitude des marchés financiers entrainant ainsi une récession mondiale
  • Une direction vers des instruments court termes par les investisseurs
  • Une hausse des taux d’intérêts et des primes de risque à long terme
  • Une liquidité limitée sur le marché secondaire

Scénario stress test réalisé par l’EBA

Dans le cas d’un scénario défavorable européen, le but étant de vérifier la résistance des institutions financières face à un choc extrême lié aux variables systémiques et d’en vérifier les conséquences . Ce dernier impliquerait :

  • Un risque de liquidité accompagné d’une faible perspective de rentabilité
  • Une augmentation de la dette dans les secteurs privé, public et non financier
  • Un fort écartement des taux de spread
  • Une faible croissance nominale des assurances
  • Un affaiblissement de la demande intérieure

Prenons l’exemple d’un cas de stress test qui évoque, un scénario similaire à celui de la crise financière de 2008. En choquant la variable systémique la plus importante qu’est le PIB, la figure ci-contre montre la différence des scénarios dans le cas américain et européen.

La FED considère un choc brutal suivi d’une reprise rapide tandis que l’EBA considère un choc plus faible qui dure plus longtemps. Cela montre la différence de vision concernant les économies européennes et américaines.

La vision américaine semble plus optimiste que la vision européenne.

La méthodologie des stress tests régit par un cadre réglementaire conforme au CRR/CRDIV. Cette méthodologie prévoit de calculer les ratios de solvabilité des banques en appliquant la règlementation en vigueur tout au long de la période du stress test. Contrairement aux exercices établis les  années précédentes, les stress tests incorporent un risque supplémentaire, le « conduct risk », dit de comportement qui correspond aux risques de non-respect de la réglementation.

Méthodologie de stress test de la FED

La méthodologie américaine est pilotée par des modèles qui contiennent plusieurs hypothèses. Une modification de ces hypothèses peut avoir une incidence importante sur les résultats prévisionnels.

Ces modèles sont développés par des analystes et des économistes de la Réserve fédérale, qui s’appuient principalement sur la recherche, l’analyse économique, la pratique de l’industrie pour modéliser l’effet emprunteur, les relations entre les sociétés, les attentes du client, les instruments financiers, les facteurs macroéconomiques, les dépenses  et les pertes.

Les approches s’appuient principalement sur le travail effectué par la Réserve fédérale lors de stress tests antérieurs. Par la suite, ces modèles sont raffinés pour diverses raisons, y compris pour intégrer une plus grande gamme de données, pour améliorer la stabilité du modèle et pour intégrer une plus grande précision dans le calcul.

Deux approches générales sont prises en compte pour modéliser les pertes sur les portefeuilles :

  • Dans la première approche, les modèles estiment les pertes attendues dans le scénario macroéconomique. Ces modèles impliquent généralement des projections de la probabilité de défaut (PD), de la perte dûe au défaut (LGD) et de l’exposition au défaut (EAD) pour chaque prêt ou segment de prêts dans le portefeuille, compte tenu des conditions dans le scénario.
  • Dans la deuxième approche, les modèles captent le comportement historique des charges nettes par rapport aux variations des variables macroéconomiques et financières du marché

Méthodologie de stress test de l’EBA

L’objectif du test de stress à l’échelle de l’UE est de fournir aux superviseurs, aux banques et aux autres acteurs du marché un cadre analytique commun pour comparer et évaluer de manière constante la résilience des banques européennes et du système bancaire européen face aux chocs.

Pour ce faire, une méthodologie commune et un ensemble de modèles capturent les données du point de départ et les résultats des stress test. La résilience des banques européennes sera évaluée en fonction d’une base de référence macroéconomique et d’un scénario défavorable. Dans cette approche, les banques seront tenues de projeter l’impact des scénarios sur leur P & L et leur position de capital mais soumis à des contraintes strictes définies dans la méthodologie commune. Ceci étant fait en simplifiant les hypothèses sur la projection des pertes de risque de crédit selon IFRS 9 et la fixation d’un plafond sur le revenu net d’intérêts projeté.

À l’instar de l’exercice 2016, le stress test 2018 à l’échelle de l’UE est principalement axé sur l’évaluation de l’impact des facteurs de risque sur la solvabilité des banques. Les banques sont tenues de mettre l’accent sur le test d’un ensemble commun de risques (risque de crédit – y compris les titrisations – risque de marché et risque de crédit de contrepartie, risque opérationnel – y compris risque de conduite). En outre, les banques sont invitées à projeter l’effet des scénarios sur le revenu net d’intérêts et à mettre l’accent sur les résultats et les immobilisations non couvertes par d’autres types de risque. Le projet de méthodologie actuel peut être considéré comme une continuation de l’approche de 2016, avec les ajustements identifiés après la mise en œuvre de la norme IFRS 9 et les leçons acquises en 2016.

Ferhat T.

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