Les banques face au changement climatique

Les banques face au changement climatique

Les banques françaises, premières sur le financement des énergies fossiles

La question de la place des banques dans l’action climatique est d’autant plus légitime que leur puissance dans le système actuel pourrait être un poids considérable vers une transition efficace. Toutefois, les banques françaises restent encore dépendantes des énergies fossiles.

Un rapport de différentes ONG, a compilé de nombreuses données concernant l’orientation des financements, et il s’avère qu’en 2021, les 6 principales banques françaises ont alloués 47 milliards de dollar aux entreprises liés aux hydrocarbures. La France se place donc premier pays financeur européen de ce type d’entreprise et 5ème au niveau mondial.

Parmi ces 6 banques françaises, une se démarque de ses concurrentes : BNP Paribas. Cette dernière se classe 10ème dans le classement des principaux financeurs de projets liés aux hydrocarbures, et ce depuis la mise en place de l’accord de Paris en 2016. Ainsi, elle a alloué près de 142 milliards de dollar en 6 ans, et notamment pour des projets d’explorations en Arctique et offshores.

Les banques américaines se classent dans le haut du tableau, et en particulier JP Morgan, avec 382 milliards de dollar sur les 4,000 Mds investi depuis 2016. Elles sont leaders sur les projets controversés, tel que la fracturation hydraulique permettant d’obtenir du pétrole ou du gaz de schiste.

On constate que depuis 2016 et la signature des accords de Paris, une stabilité des investissements globaux auprès d’industries liées aux énergies fossiles. Ainsi en 2021, 742 milliard de dollar ont été investis proche des niveaux de 2016, année de démarrage de ce suivi. En revanche, seul 11,8 milliard ont été investis dans les énergies renouvelables.

Toutefois, tout n’est pas si noir. En effet, deux banques françaises se classent parmi les très bons élèves : La Banque Postale et le Crédit Mutuel. Ces deux banques sont dernières du classement établi sur le rapport Banking on Climate Chaos rédigé par plusieurs ONG, de par la faiblesse de leurs investissements mais également par leur politique interne au sujet de ce type de financement. La Banque Postale a établi une base de données d’exclusion de 887 entreprises liés aux énergies fossiles.

De plus, les investissements des autres banques françaises ont tendance à baisser ces dernières années, poussées par les régulations ainsi que par l’opinion publique qui voit d’un mauvais œil le financement d’industries polluantes. Depuis Janvier 2022, ces banques ont arrêté les financements pour les entreprises don’t la part d’hydrocarbure non conventionnel est supérieure à 30 % de leur activité.

Les Banques partenaires majeures de la transition énergétique ?

Par leur puissance financière les banques peuvent être des acteurs majeurs de la transition écologique, et agir vers une plus grande décarbonation de l’économie avec un accroissement des financements, non plus vers les énergies polluantes mais vers des projets écologiques innovants, et notamment de la production d’énergie.

Ce changement de paradigme passe dans un premier temps par une réglementation plus ferme en terme de financement de projets. C’est le cas avec la réforme de MIFID II, entrée en vigueur au mois d’août 2022, qui inclut des critères ESG. Ainsi, les sociétés d’investissement devront entre autres :

– Inclure et démontrer que les facteurs de durabilité ont été inclus dans les politiques et que les procédures utilisées pour s’assurer de la bonne compréhension de la nature des instruments financiers sélectionnés pour les clients ;

– Illustrer dans les rapports d’adéquation comment les services fournis répondent aux préférences exprimées par les clients en matière de durabilité ;

– Veiller à ce que l’intégration des facteurs de durabilité dans le processus de conseil et la gestion du portefeuille ne conduise pas à un « Green Washing » ou à une vente abusive, ou à ce que les instruments ou les stratégies soient présentés de manière trompeuse comme répondant aux préférences en matière de durabilité alors que ce n’est pas le cas.

Outre, les changements de réglementation mettant au centre les considérations écologiques, la mise en place de produits de finance verte peut être une solution pour financer les projets de transition. Ainsi le montant des obligations Green, social, sustainability, sustainability-linked, and transition (GSS+) ont atteint plus de $1000 Mds en 2021, avec 45 % d’obligations labellisées Green, et $417 Mds au premier trimestre 2022.

Ce type de produit est en pleine expansion depuis sa création en 2007, et possède de nombreuses sous-catégories telles que :

– « Use of Proceeds » Bond : C’est une obligation affectée à des projets écologiques dédiés, comme celle émise par l’European Investment Banking.

– Securitisation Bonds (ABS) : Ce type de produit permet de refinancer des portefeuilles de projets écologiques, comme avec Tesla Energy qui a permis le financement de location de panneaux solaires en 2013.

Le financement de projets écologiques via des financements plus classiques, comme ce qui est fait actuellement auprès des industries liées aux énergies fossiles, restent limités comme nous le mentionnons plus haut (seulement $11.8 investis dans ces projets). En effet, les contraintes réglementaires françaises et européennes à l’installation d’infrastructures telles que les éoliennes ou éoliennes off-shore. Ce type de freins ainsi qu’une rémunération plus faible que les industries polluantes, n’aident pas les banques à investir de plus en plus massivement dans les projets innovants.

Alors les banques seront-elles les acteurs écologiques de demain ? Avec un changement de mentalité de plus en plus rapide dans la population, des changements dans les réglementations tout porte à croire que les institutions financières vont changer de paradigme et allouer de plus en plus de fonds vers la transition énergétique. Toutefois, les rémunérations attractives et le nombre de projets disponibles émis par les entreprises d’hydrocarbures, mais également les freins juridiques pour l’installation d’infrastructures énergétiques propres, ne facilite pas la transition.

Antoine Fillon, consultant CMG Conseil

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