BREXIT : quel bilan pour le royaume uni ?

BREXIT : quel bilan pour le royaume uni ?

Pôle Risques et Modélisation

Quasiment trois ans après sa sortie officielle de l’Union Européenne et six ans après le vote du référendum, le Royaume-Uni ressent les effets néfastes du brexit.

L’année, 2016 a connu de grands bouleversements économiques et politiques, à savoir, l’élection présidentielle de Donald Trump aux Etats Unis, la crise des réfugiés syriens, le manquement mémorable du cessez-le-feu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ainsi que de nombreuses attaques terroristes en Europe, au Moyen-Orient et aux Etats Unis. Parmi ces événements marquants, fut le référendum du Brexit qui était voté le 23 juin 2016 par la Grande-Bretagne avec une majorité timide de 51.9%. Derrière ce référendum, à l’époque étonnant, se cachait un espoir du pays à regagner une plus grande souveraineté, un meilleur contrôle des frontières contre l’immigration et plus de souplesse économique.

Ce référendum a naturellement soulevé plusieurs questionnements quant à l’avenir du pays et ses transactions avec l’Union européenne et le reste du monde, la disponibilité de la main d’œuvre migrante et l’ensemble des réglementations autour des produits circulant entre les deux zones. Il était estimé que le Brexit allait impacter environ 40% de l’activité du Royaume-Uni. Les marchés financiers ont donc chuté dans les deux jours suivants l’annonce du référendum : CAC40 (-10%)), FTSE (-5.8%) S&P (5.5%) et le taux forex livre/euro a chuté de 7% dans la semaine suivant l’annonce.

Les marchés financiers ont donc été bouleversés par l’anticipation négative des impacts potentiels du Brexit ; et l’opinion commune décrivait un avenir incertain pour le Royaume-Uni.

BREXIT : les événements clés

Une fois le Brexit annoncé, un nombre d’événements s’est enchaîné sur le plan politique et économique dans le but d’implémenter la sortie effective du Royaume-Uni de l’Union européenne : Juin 2016 :
référendum sur le Brexit dans lequel les électeurs britanniques votent en faveur du retrait de l’UE par un vote de 51,9% contre 48,1%.
Mars 2017 : le Premier ministre britannique déclenche l’article 50 du Traité de Lisbonne, qui lance le processus de retrait de l’UE et donne un délai de deux ans pour négocier les conditions de sortie.
Janvier 2019 : le Parlement britannique rejette l’accord de retrait conclu entre le gouvernement de Theresa May et l’UE.
• Octobre 2019 : le Premier ministre Boris Johnson présente un nouvel accord de retrait Janvier 2020 : le deuxième accord de retrait
est accepté par le gouvernement britannique. Le Royaume-Uni quitte donc officiellement l’UE. À cet égard, une « période de transition » est mise en place jusqu’en décembre 2020 afin de permettre aux deux parties de mettre en place les nouvelles relations commerciales et de coopération.
Décembre 2020 : fin de la période de transition. Le Royaume-Uni et l’UE entament une nouvelle relation commerciale basée sur les règles de l’Organisation mondiale du commerce.
Février 2020: Le Parlement britannique vote en faveur de la loi autorisant le gouvernement à mettre en œuvre l’accord de retrait.
Janvier 2021: le Brexit a lieu et le Royaume-Uni quitte officiellement l’UE.

Les négociations des conditions de sortie se sont donc déroulées sur plusieurs mois et ont clarifié les sujets les plus importants : la facture de sortie, le droit des citoyens et la question de la frontière irlandaise qui a donné lieu à un accord spécifique pour l’Irlande du nord, qui fait toujours partie du Royaume-Uni, mais bénéficie du marché unique européen.

Plusieurs sessions de négociations ont pris place au fur et à mesure sur cette période, avec peu d’avancements à chaque fois. Les deux parties ont effectivement eu du mal à trouver un accord sur certains sujets critiques, notamment l’accès aux eaux de pêches britanniques et sur les conditions de concurrence dites équitables où le Royaume Unis cherche à accéder au marché unique. L’échec des négociations sur ce deuxième point aurait abruptement mis fin aux collaborations entre les deux parties dans plusieurs domaines. Il est important de noter que la complexité de ces échanges n’a donc jamais concerné la souveraineté du Royaume, mais a uniquement complexifié un avenir incertain pour les entreprises britanniques.

BREXIT : le Commerce avec l’UE

La réaction des marchés financiers au Brexit a été très négative. Lorsque les résultats du référendum ont été annoncés en 2016, l’indice boursier britannique FTSE 100 a chuté de plus de 8 %, tandis que l’euro a augmenté de plus de 3 % par rapport au dollar. Les investisseurs ont également vendu des actions et des obligations britanniques, faisant augmenter les taux d’intérêt. Les craintes d’une récession économique et de désordres commerciaux ont également pesé sur les marchés mondiaux. Certaines grandes banques n’ont pas hésité à déplacer certains postes importants en dehors de Londres vers d’autres capitales européennes, notamment Paris. Les experts estimaient que l’impact su le long terme du Brexit auraient des conséquences catastrophiques sur le Royaume-Uni et l’UE.

Lors des négociations des termes du Brexit, le Royaume Unis et l’Union Européenne ont signé un Trade and Coopération Agreement (TCA) qui est effectif depuis janvier 2021 et qui stipule que le commerce resterait exempt de frais de douanes. Cela dit, cet accord a introduit des barrières non-tarifaires importantes qui impactent les charges des entreprises britanniques exportant vers l’UE et important de l’UE. Les entreprises et les travailleurs sont donc impactés directement par ces nouvelles barrières tarifaires appliquées à leur propre industrie, et indirectement par le biais de leurs fournisseurs et de leurs clients.
Une analyse récente du Office for Budget Responsability estime que la sortie de l’UE réduit les exportations et les importations britanniques de 15% en 2022 et stipule que les effets à long terme du Brexit sur le PIB réel seraient aux alentours de 4 points si le Brexit n’avait pas été voté. Le Royaume-Uni démontre malgré tout un impact (du Brexit) modéré sur son économie globale, car les échanges avec le reste du monde ont pu compenser pour les pertes supplémentaires éventuelles liées aux échanges de produits et de services limités avec l’UE.

BREXIT : la livre sterling

L’impact du Brexit sur la valeur de la monnaie britannique ne se fait pas attendre. La livre sterling atteint son plus bas niveau en 30 ans immédiatement après l’annonce du vote du référendum. Les incertitudes liées à l’avenir du Royaume Uni continue à peser sur la monnaie tout au long des négociations des termes de sortie. La livre gagne quelques points à partir de mars 2017 suite à l’annonce d’une période de transition de 2 ans pour soutenir la monnaie britannique par le négociateur en chef de l’Union Européenne, Michel Barnier, qui décrit donc un « Brexit doux ».
Cette appréciation va malheureusement se révéler de courte durée, puisque les effets de la pandémie du Covid-19 ne tardent pas à se manifester sur tous les marchés, et donc sur le marché britannique également.

Le monde connait également une crise énergétique due au contexte géopolitique actuel ou les coûts énergétiques sont en pleine hausse pour les entreprises et les consommateurs, ce qui rend le Royaume Unis encore moins compétitif et contribue encore plus fortement à la baisse des exportations.

L’inflation des prix se fait également ressentir sur les marchés. L’Indice des Prix à la Consommation (IPC) a enregistré une valeur à deux chiffres (11.1%) en octobre 2022 et qui pourrait bien augmenter malgré la politique de ralentissement de la hausse des taux d’intérêt de la Banque d’Angleterre (le but étant de ramener l’IPC à 10.9%)

BREXIT : le marché du travail

Le Brexit a eu, comme prévu, un effet négatif sur le recrutement de la main d’œuvre qualifiée provenant de l’Union européenne. En effet, plusieurs travailleurs européens ont dû quitter le territoire britannique après le Brexit, car les obstacles administratifs étaient beaucoup plus importants. Ceci ne pouvait pas moins bien tomber vu le besoin grandissant de personnel hospitalier durant la pandémie qui a suivi la sortie officielle du Royaume-Uni de l’UE.

En date de décembre 2022, il a été estimé que 11 000 postes de praticiens étaient vacants, dont 4000 médecins qui auraient pu être recrutés si le Brexit n’avait pas eu lieu. En effet, le National Health Service (NHS) ainsi que le reste des employeurs britanniques, ont du mal à recruter face aux obstacles administratifs créés par le Brexit au niveau de l’octroi des visas de travail. De plus, les évolutions de carrière incertaines et les changements des droits à la retraite démotivent souvent les travailleurs européens à traverser la manche. Par exemple, sur la période 2015-2016 plus de 9 000 infirmiers et sages-femmes s’étaient déplacés de l’UE vers le Royaume-Uni. En 2020-2021, moins de 700 de ces professionnels avaient fait ce choix. 

Conclusion:

Le Brexit a été un grand bouleversement dans l’histoire du Royaume Unis et ses liens avec l’Union européenne et le monde. Ce bouleversement a vu le jour dans un contexte économique et politique particulier et a malheureusement été suivi de plusieurs événements, tels que la crise sanitaire du Covid-19, de la crise énergétique et de l’inflation globale, en ont aggravé les conséquences sur les deux années suivant la sortie officielle de l’Union européenne. Il faudra donc attendre encore quelques années pour revenir à une situation économique et politique plus stable, pour avoir un après qui pourra nous dire si – oui ou non – le Royaume-Uni a bien fait de quitter l’UE :

Aura-t-il pu profiter de la souveraineté gagnée ? N’aura-t-il pas un manque à gagner en compliquant la circulation de la main d’œuvre sur son territoire ? Aura-t-il pu rassurer les entreprises britanniques sur leur avenir considérant les nouvelles barrières tarifaires ? Aura-t-il construit de nouveaux liens économiques et diplomatiques avec le reste du monde ?

KAOUKABI Zineb – CMG Conseil

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