
Le choix des Britanniques de quitter l’Union Européenne a coûté 500 millions de livres par semaine à l’État britannique (soit 560 millions d’euros). Selon les conclusions d’une étude publiée par le Centre for European Reform (CER), la taille de l’économie britannique est environ 2,5% inférieure à ce qu’elle aurait été si la Grande-Bretagne n’avait pas choisi l’option du Brexit. L’étude assure également que les finances publiques britanniques ont été affaiblies de 26 milliards de livres par an depuis cette décision et que la croissance économique britannique au premier semestre de cette année 2018 a été la plus faible sur six mois depuis le second semestre de 2011. Les entreprises seraient plus prudentes quant à leurs investissements.
En effet à six mois de l’échéance (le 29 mars 2019), aucun accord n’a été trouvé avec l’Europe. Une instabilité politique qui fait craindre aux investisseurs qu’aucun plan d’accompagnement du Brexit ne soit prévu pour les sociétés. Un « Brexit dur » leur serait en effet économiquement très préjudiciable. Lors du référendum de juin 2016, les partisans avaient assuré que leur économie britannique se porterait mieux en sortant de l’UE puisque la Grande-Bretagne ne participerait plus à son financement à hauteur de 350 millions de livres par semaine.
Les scénarios de Brexit à envisager
Alors qu’il n’y a toujours pas d’accord de divorce et que certains menacent de rejeter le plan de sortie présenté en juillet dernier; quels seraient les différents scénarios possibles dans les mois à venir ?
Rejet du plan proposé par le gouvernement britannique
Dans la situation où le plan présenté par le Gouvernement de Theresa May est rejeté par le Parlement britannique ou si aucun accord n’est trouvé avec l’UE, la Grande-Bretagne s’enfoncera dans la crise. Il s’agit du scénario le plus envisagé par de nombreux opposants au Brexit ou des « Brexiters » purs et durs, qui reprochent à la Première ministre une trop grande complaisance envers Bruxelles. Si Theresa May quitte ses fonctions, le choix d’un nouveau dirigeant retardera les négociations déjà ardues avec l’UE même si des élections anticipées ne sont pas à exclure. Sachant que les conservateurs sont divisés depuis trente ans sur l’idée européenne, il semblerait d’après les sondages, qu’aucune majorité claire ne se dégage.
Accord avec l’UE
Londres et Bruxelles croient à un accord de divorce mais le temps presse car le Parlement britannique et le Parlement européen devront ratifier le texte avant le 29 mars 2019. Deux documents devront être approuvés : le traité sur le retrait britannique et une déclaration sur les futures relations entre Londres et les Vingt-Sept.
L’un des principaux points de désaccord reste la question de la frontière entre la République d’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord. Alors que l’UE propose la création d’un statut particulier pour la province britannique d’Irlande du Nord, afin de faciliter la circulation avec la République d’Irlande, Londres rejette cette idée qui risque d’instaurer une frontière à l’intérieur du Royaume-Uni. Des diplomates n’excluent pas qu’un accord puisse être conclu à la dernière minute.
Accord avec l’UE rejeté par le parlement britannique
Tout accord devra être approuvé par les parlementaires britanniques. En cas de rejet, le Royaume-Uni devra quitter l’UE sans accord. Les relations commerciales entre la Grande-Bretagne et l’Union suivront alors les règles établies par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). De nombreux chefs d’entreprise et investisseurs affirment qu’un Brexit sans accord affaiblira l’Occident, sèmera la panique sur les marchés financiers et bloquera les échanges commerciaux. Le patron du constructeur automobile japonais Toyota au Royaume-Uni, Marvin Cooke, a prévenu que l’usine britannique de Burnaston verrait sa production temporairement interrompue en cas d’une sortie de l’Union européenne sans accord. « Je pense que si le Royaume-Uni rompt avec l’UE à la fin de mars, la production s’arrêtera dans notre usine ». Pour les partisans du Brexit, ces craintes sont très exagérées. Selon eux, la sortie de l’UE ne peut qu’être profitable à terme au Royaume-Uni.
Theresa May espère que la crainte d’une mésentente avec l’UE poussera de nombreux parlementaires conservateurs et travaillistes à soutenir le plan de Chequers – livre blanc clé, publié le 12 juillet 2018 par le gouvernement britannique sous le Premier ministre, Theresa May qui définit le type de relations que le Royaume-Uni cherche à entretenir avec l’Union européenne après le Brexit. Le secrétaire d’État à la sortie de l’UE, Dominic Raab, l’a décrit comme une » proposition détaillée pour un partenariat futur entre le Royaume-Uni et l’UE fondé sur des principes, pragmatique et ambitieux « . Il a également déclaré que » le livre blanc propose une zone de libre-échange des marchandises afin de maintenir un commerce sans friction, soutenue par un règlement commun et des règles douanières plus souples, mais seulement pour les règles utiles à un commerce sans friction aux frontières « .
Le Parlement britannique sera appelé à se prononcer sur l’accord de Brexit, sur l’accord de retrait (Withdrawal Agreement) et sur la loi d’application (Implementation Bill). En l’absence d’accord avec les Européens, les autres options consisteraient à demander une prolongation des négociations ou à organiser un autre référendum sur le Brexit au Royaume-Uni.
Accord de dernière minute
Sur la piste d’un accord de dernière minute, les négociateurs britanniques tentent de persuader la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron de s’assurer que l’UE accepte un accord que Theresa May pourra proposer au Parlement de Londres. Selon David Lidington, le numéro deux du gouvernement britannique, le Withdrawal Agreement est prêt à 85% – 90%. Dans le cas d’un accord, une période de transition post-Brexit est prévue jusqu’au 31 décembre 2020.
Un nouveau référendum
L’idée d’une consultation réclamée par les déçus du résultat du 23 juin 2016 rallie de plus en plus de soutiens. Une campagne pour un «people’s vote» sur les conditions de la sortie, avec l’option de finalement rester dans l’UE, a sillonné le pays tout l’été. Presque tous les partis d’opposition s’y sont ralliés: verts, libéraux démocrates et plus récemment le Labour, qui ne «l’exclut pas», ainsi que plusieurs personnalités chez les conservateurs au pouvoir.
L’idée est que si le Parlement ne parvient pas à ratifier un accord, la question puisse à nouveau être soumise au peuple. Theresa May écarte catégoriquement cette solution. Les travaillistes préféreraient de nouvelles élections.
Un nouveau vote
Les sondages montrent que les Britanniques sont toujours divisés sur le Brexit, même si les partisans d’un maintien dans l’UE semblent s’être renforcés ces derniers mois. D’après une enquête YouGov menée du 31 juillet au 7 août 2018, 45% des personnes interrogées sont favorables à un nouveau référendum quelle que soit l’issue des négociations avec Bruxelles et 34% y sont hostiles. Mais cette option serait loin de régler les divisions du pays sur le sujet. Le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn a déclaré qu’il n’était pas favorable à une nouvelle consultation, sans toutefois l’exclure. Pour les partisans du Brexit, un nouveau référendum déclencherait une crise constitutionnelle majeure.
Jonathan H.