
L’épargne des jeunes n’est pas un nouveau sujet mais après une année d’épargne exceptionnelle pour la majorité des français, il mérite d’être creusé. Si on s’intéresse aux offres de placement destinées aux jeunes actifs, elles sont de manière surprenante très peu nombreuses. Plus surprenant encore, beaucoup sont limitées et n’offrent plus de taux aussi attractifs que par le passé ; désintéressant les jeunes du sujet.
Mais le problème semble ailleurs. En effet, une fois passé la 25ème année, les jeunes actifs sont tous logés à la même enseigne et se voient proposer des solutions de placement classiques comme le PEL ou encore l’assurance-vie. En somme, un panel d’offres est proposé à tous mais répond-il aux attentes ? Le sujet mérite en effet d’être étudié surtout dans un pays comme la France qui présente un taux d’épargne parmi les plus élevés du monde. Ils seraient en effet plus des deux tiers de la population à épargner chaque mois. Une épargne au beau fixe donc, accentuée avec les périodes successives de confinement, mais qui ne semble plus autant séduire malgré une curiosité grandissante.
UNE OFFRE INSUFFISANTE ET PEU COMPRISE
Pour beaucoup de jeunes actifs, une offre d’épargne intéressante est une offre sécurisée. Si les motivations sont en effet nombreuses, près de la moitié des jeunes actifs français souhaitent placer leurs économies pour réaliser un projet à moyen ou long terme, se couvrir d’une possible urgence ou prévenir d’une dépense conséquente comme passer son permis de conduire. Plus surprenant et soulevant de nombreux sujets pour les acteurs traditionnels, l’épargne est finalement peu perçue comme un symbole de réussite ou de joie permettant de réaliser des projets, mais comme un source de contraintes au quotidien.
L’épargne se voulant donc avantageuse mais principalement sécurisée, on retrouve parmi les offres souvent choisies :
- L’assurance-vie dont l’offre « nouvelle-génération » peut expliquer l’engouement. Souscrites principalement en ligne, ces offres accessibles à l’aide d’un faible montant de dépôt, proposent aujourd’hui de nombreux supports d’investissement dont la transparence tarifaire est généralement de mise.
- Dans le domaine de l’immobilier, les SCPI (Société civile de placement immobilier) permettent également facilement, grâce à un faible montant, d’acquérir une ou plusieurs parts de capital d’une société. Si de nombreuses plateformes en ligne proposent aujourd’hui ce type de placements, nombreuses sont celles épinglées par l’Autorité des marchés financiers.
- Enfin le financement participatif continue à séduire un grand nombre, de part la variété des domaines dans lesquels il s’applique.
Si les jeunes se tournent donc encore vers des produits dits « traditionnels », se pose la question de l’accompagnent de ces offres d’épargne ou le manque, autre sujet soulevé par de récents sondages. A en croire une nouvelle étude de l’Ifop, 9 jeunes actifs sur 10 souhaitent mettre de l’argent de coté. Mais ils sont aussi 75% à se tourner vers des produits extrêmement sûrs, faute d’accompagnement. Le marché semble prometteur mais beaucoup de ces aspirants épargnants aimeraient un meilleur accompagnement. Que ce soit pour un projet à moyen ou long terme, épargner pour la plupart, nécessiterait principalement une meilleure connaissance des solutions adaptées à leurs profils. Aujourd’hui, les différents canaux digitaux proposés pourraient être une piste mais réduire l’épargne à une seule préoccupation financière serait un raccourci.
UNE QUÊTE DE SENS ET DE RENTABILITÉ
La France et les jeunes actifs européens plus globalement, aspirent à une consommation plus verte. D’abord dans les assiettes, cette quête s’applique désormais aux produits financiers mais aussi aux acteurs les proposant. Les différentes initiatives, proposant de plus en plus de labels, sont également attrayantes puisque la moitié des 18-35 y prêterait de plus en plus attention.
Quand les jeunes actifs se tournent vers les différentes solutions d’épargne, beaucoup admettent se retrouver perdus entre les promesses de rendements élevés et les risques à prendre. En réalité, le problème est ailleurs et les attentes également. Prendre des risques et atteindre une bonne rentabilité sont deux points intéressants mais la valeur liée à l’investissement commence à prendre une part plus importante. Un investissement ne servant qu’à accroitre son capital n’est plus suffisant. Investir dans un projet ayant un impact positif, portant des valeurs, attire de plus en plus de gens. Notons également une attention toujours plus accrue aux causes environnementales mais aussi au respect des droits de l’Homme sous toutes ses formes.
Malgré une attention toujours plus importante portée à ces sujets, la part de jeunes français réellement investis n’est pas si élevée. En cause, d’après certaines études, le manque d’accompagnement. Auprès d’acteurs traditionnels, beaucoup se heurteraient au manque de considération parfois affiché, des conseillers financiers. Beaucoup de stéréotypes seraient également véhiculés sur ces sujets, et alors que le livret de développement durable et solidaire (LDDS) pourrait tirer son épingle du jeu, l’inquiétude d’une faible rentabilité et la méfiance détournent les potentiels épargnants. Exposés également à différents scandales financiers, ces prospects ne savent plus vers qui se tourner et cherchent à retrouver une part de réel dans ces investissements.
Évidement, la rentabilité ou une fiscalité attrayante sont deux points importants largement partagés. Mais il est intéressant de jeter un coup d’oeil aux différentes motivations dont l’éventail de domaines d’actions ne cesse de croitre. Que ce soit pour l’intérêt général ou pour accompagner une démarche locale, le souhait d’épargner est de plus en plus tourné vers des investissements localisés, mais aussi des thématiques dont la transparence n’est plus à prouver. Une transparence des plus importantes également, tant le manque de compréhension a pu en décourager plus d’un. La ou les banques et autres services traditionnels appliquent encore une facturation bien trop opaque pour les épargnants, les néobanques et autres fintechs contre-attaquent en lançant des produits d’épargne toujours plus ciblés et ou l’accompagnement est moteur dans la démarche.
LA CONTRE-ATTAQUE DES NEOBANQUE
A l’heure ou les acteurs bancaires traditionnels peinent à attirer les jeunes actifs en proposant les produits adéquats, les fintechs n’ont pas attendu pour se positionner. Grâce à des services intégralement digitaux et une transparence travaillée, les néobanques et autres acteurs de la désintermédiation, ont réussi le pari de se hisser au rang d’acteurs incontournables du secteur. Plus accessibles pour la génération 18-35 et offrant des fonctionnalités plus adaptées et voire ludiques, la réactivité avec laquelle ils se sont positionnés, aurait permis d’intéresser plus de la moitié des moins 35 ans. La recette semble simple pour ces acteurs dont la communication est reine, une approche simplifiée et transparente pour attirer le plus grand nombre.
La réactivité avec laquelle les néo-banques se sont positionnées ne surprend plus au regard de leur intégration sur le marché. Tous les éléments sont réunis pour d’une part attirer les jeunes actifs mais aussi une clientèle plus traditionnelle, attirée notamment par la communication des plus pertinentes. Le support qu’offre les réseaux sociaux sur lesquels ces banques sont très actives, est une véritable source d’informations pour celles-ci. Que ce soit pour remonter un problème technique, alerter sur la nécessité de corrections ou même suggérer une amélioration, les clients s’en donnent à coeur-joie, permettant ainsi une rapidité de prise de décision et meilleure adaptabilité dans la mise en place de nouvelles offres.
Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs commence à s’ouvrir à l’opportunité de marché que l’épargne des jeunes peut offrir. Les nouvelles offres ne manquent pas et les néobanques font preuve d’une réelle imagination pour séduire un public toujours plus à l’écoute. L’arrivée de Yeeld sur le marché en est notamment un parfait exemple : sous la forme de tirelires virtuelles et autres systèmes de placements, l’épargne devient un exercice ludique, accessible au plus grand nombre. Les récentes levées de fonds accompagnant ces nouvelles entreprises ne font plus aucun doute, il faudra compter sur celles-ci à l’avenir.
a possibilité de rendre accessible l’investissement auprès d’entreprises innovantes, à mission ou divers associations, semble séduire une part grandissante de la population. Ces nouvelles offres prennent de plus en plus le pas sur les placements traditionnels et offrent une certaine forme de transparence appréciée. Les différents sites de financement participatif en sont notamment le parfait exemple : sous forme de prêt assurés par des fonds plus expérimentés, les remboursements se font sous forme de versements mensuels accompagnés d’intérêts annoncés. En somme, la promesse d’un investissement concret pour les épargnants qui au delà, sont satisfait de participer au système de l’économie solidaire.
Ces nouvelles offres pour les acteurs traditionnels peuvent apparaître comme un risque avec cette part d’inconnu mais aujourd’hui, les valeurs portées par les clients sont aussi inscrites dans les politiques de ces entreprises. Investir dans ces nouveaux projets se fera naturellement à terme et laisse entrevoir de nombreuses opportunités. Reste à voir qui fera réellement le premier pas tant sur plan d’une restructuration de ses valeurs, que sur l’élaboration d’offres offrant un impact réel sur l’environnement.
Roxanne Barbaste, consultante CMG Conseil