Prudent Valuation : PVA, AVA et Réserves

Prudent Valuation : PVA, AVA et Réserves

Lors des dernières crises, les acteurs de marchés ont connu de fortes incertitudes relatives à la valeur réelle de leur positions, et ce, dans des contextes de fortes réduction de leur liquidités. Cependant, même en dehors de ces périodes de crises, demeurent de réelles incertitudes autour de la valorisation : complexité de certains pay-off, faible observabilité de prix (Crédit structurés, CVA) voire absence de prix de marché d’instruments pouvant intervenir dans la valorisation (taux d’intérêts exotiques, produits dérivés).

Or cette incertitude n’a pas toujours été reflétée dans le bilan ou le capital des institutions financières. Il faut attendre 2014 pour que l’European Banking Authority (ou EBA) impose la mise en place de la « prudent valuation » sur toutes les positions en « juste valeur » (ou « Fair Value », concept issu de la règlementation IFRS 13), à travers les articles 34 et 105 du « Capital Requirement Regulation » (ou CRR).

Le montant additionnel d’ajustement de valeur (ou AVA) devra être déduit du Common Equity Tier 1 (ou CET1).

«Institutions shall apply the requirements of Article 105 to all their assets measured at fair value when calculating the amount of their own funds and shall deduct from Common Equity Tier 1 capital the amount of any additionnal value adjustments necessary – Article 34, CRR 575/2013.

Ainsi, 9 types d’AVA doivent être calculés et impacter le capital des institutions bancaires parmi lesquels les 3 principaux suivants :

  • MPU ou Market Price Uncertainty = exposition * (Prudent price – fair value price)
  • COC ou Close-Out Cost = exposition * 0.5 spread bid/ask
  • Model Risk : 2 approches possibles, soit le modèle alternatif soit l’approche « à dire d’expert ».

L’AVA impacte donc directement le bilan, or ce n’est pas le seul ajustement calculé par les institutions. Les réserves ou réfactions, qui impactent cette fois le produit net bancaire, en sont un autre type. Comme l’AVA, les réserves permettent d’affiner la valeur des en-cours grâce un recalibrage des prix de valorisation. Par exemple, au lieu de valoriser les positions au « mid-price » (prix de milieu de fourchette), qui ne sera en aucun cas le prix de sortie, l’on retiendra une demi-fourchette pour simuler une sortie au « bid » et être ainsi plus réaliste dans l’estimation de la valeur des positions détenues.

Les réserves ou réfactions

Au titre des réserves, nous retiendrons les principaux types :

  • Les réserves de marché tels que les ajustements de type bid/ask relatifs au prix de vente, les ajustements pour incertitude de modèle qui permettent de palier les imperfections des techniques de valorisation employées ou encore les ajustements pour incertitude de prix lorsqu’ils sont régulièrement inobservables.
  • Les réserves de crédit, le Wrong way risk par exemple.
  • Les XVA : la CVA, liée au risque de contrepartie ; la DVA, liée au risque propre de crédit ou la FVA liée au risque de refinancement.

Le concept de « Fair Value »

La « Fair Value » d’un instrument est le prix que l’on recevrait de la vente d’un actif ou que l’on paierait pour le transfert d’un passif aux conditions de marché à un instant donné. Elle est donc basée sur le prix de sortie.
A l’inception, la fair value est normalement le prix consenti lors de la transaction. Par la suite, elle doit en premier lieu se baser sur des données de marché observables, et ce, en s’assurant que les autres données utilisées dans son calcul soient cohérentes avec les niveaux auxquels les participants pourraient traiter. Dans ce cas, la fair value corrrespond au « mid-price » ajusté d’un AVA déterminé en fonction du produit et du risque encouru.

Mathieu Catala

Pôle Risque et Modélisation

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