Risque Climatique : vers une organisation des métiers de la finance

Risque Climatique : vers une organisation des métiers de la finance

Les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique provenant de la pollution et de la surexploitation des ressources naturelles sont aujourd’hui visibles, plus tôt que les prédictions des scientifiques. Cette situation impacte des entreprises opérant dans des secteurs tels que l’agro-alimentaire et le tourisme, mais aussi au sein de domaines insoupçonnés tels quel la finance et la bancassurance. Dans ces secteurs, les répercussions restent difficilement quantifiables au vu de la nature complexe du risque climatique.

De quelle manière le risque climatique s’est introduit dans les métiers de Finance et Bancassurance ? Comment leurs métiers, les produits financiers ou le contexte réglementaire va devoir s’adapter à ces changements climatiques ?

Définition du risque climatique

Le risque climatique est le risque lié à la vulnérabilité des entreprises par rapport aux variations des indices climatiques (température, précipitations, vent, neige…).

Il peut être rapidement quantifié dans le secteur du tourisme ou agroalimentaire ; baisse de fréquentation des sites touristiques, diminution des récoltes… néanmoins, il est plus difficile de le mesurer dans les domaines financiers et assuranciels qui utilisent un historique des données conséquent pour mettre à jour leurs analyses. Les assurances utilisent des modèles actuariels pour calculer les primes et cotisations et ne pourront s’ajuster que si la nécessité de changement est prouvée (i.e. successions de plusieurs événements climatiques défavorables sur une période plus ou moins longue).

Cette prise en compte récente du risque climatique dans ces secteurs s’explique principalement par la sous-estimation des évènements climatiques catastrophiques et leur relative lenteur à se manifester.

Démarches réglementaires

Le contexte réglementaire sera un acteur clé dans l’accélération de la transition énergétique.

Plusieurs actions ont été initiées en vue de répondre aux questionnements des investisseurs autour des risques financiers découlant du changement climatique et d’aider les institutions financières à mesurer le risque climatique pour mieux le gérer :

En France :

La Loi de la transition énergétique du 13 Août 2015 : dont l’article 173 de cette loi a notamment imposé aux investisseurs institutionnels la prise en compte des risques environnementaux et sociaux dans leurs opérations d’investissement.

La Banque de France a lancé en décembre 2017 un « réseau de superviseurs pour le verdissement du système financier », une initiative qui a été rejointe par plusieurs homologues européens et qui forment maintenant un groupe de huit banques centrales qui visent à renforcer leurs efforts pour respecter l’Accord de Paris.

A l’International :

TCFD (Task Force for Climate-related Financial Disclosures) : qui a publié en juin 2017 son rapport d’évaluation du risque du changement climatique sur les entreprises et l’économie mondiale ; ou il propose un cadre de reporting des risques climatiques.

En Europe :

L’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) reconnaît l’importance du changement climatique et son impact sur les activités humaines. Elle supervise les progrès réalisés par les Etats membres de l’UE.

Vers des stress-tests climatiques

A l’image des nombreux stress-tests auxquels les banques sont soumises, certaines d’entre elles (JP Morgan, PNC et UBS) ont commencé à effectuer des stress-tests climatiques sur leurs portefeuilles crédit. Ceux-ci reposent sur la base de scénarios de chocs des facteurs de risques liés au climat et dont la volatilité impacte les actifs des banques. PNC, par exemple, examine comment certains risques, tels que des réglementations sur les émissions de carbone ou une baisse de la demande du pétrole, pourraient affecter un portefeuille spécifique. UBS a rejoint huit autres banques pour développer un outil de stress-testing en cas de sécheresse, à l’aide de Risk Management Solutions (RMS), une entreprise de modélisation de risque spécialisée dans les catastrophes.

Des produits dérivés climatiques naissants

Les premiers dérivés climatiques sont apparus aux Etats-Unis vers 1997, lorsque l’entreprise américaine Enron, opérant dans le secteur de l’énergie, a voulu se protéger contre un hiver trop doux.

D’autres entreprises ont suivi cet exemple et ont contribué au développement du marché des dérivés climatiques qui reste aujourd’hui beaucoup moins important que le marché traditionnel. La majorité des contrats sont encore négociés de gré à gré, néanmoins des produits standardisés existent et sont échangés sur Chicago Mercantile Exchange (CME), the Intercontinental Exchange (ICE) et le London International Financial Futures and Options Exchange (LIFFE).

L’évolution du marché des dérivés climatiques continue avec l’apparition de nouveaux types de produits (contrats à termes et options lancés par le LIFFE), de marchés organisés et d’indices boursiers climatiques (NextWeather par exemple). Le volume des flux dans ces contrats peut aller de quelques dizaines de milliers de dollars jusqu’à $100m pour les expositions les plus importantes.

Le risque climatique est bien réel et impacte le secteur financier plus rapidement et plus intensément qu’on pouvait le croire il y a quelques décennies. Sa gestion, comme celle de tout autre risque, commence d’abord par la mesure de ce risque. Les institutions sont aujourd’hui à un stage primaire de la gestion de ce risque, mais cela peut évoluer plus rapidement dans les années à venir grâce à une réglementation plus stricte et une conscience grandissante de l’intérêt économique globale de cette problématique.

Zineb K.

Pôle suivi et Gestion des risques

958 780 CMG Consulting Group
CMG Consulting Group
Rechercher...