
Les tests de résistance aux chocs économiques connus sous le nom de « stress test » constituent un mécanisme important et obligatoire visant à créer des simulations de crise à travers des scénarii de stress de nature variée.
Cet exercice imposé par le régulateur du système bancaire européen (la BCE) vérifie la résilience et la robustesse des banques pendant des périodes des crises et permet ainsi d’éviter une déstabilisation potentielle du système dans son ensemble.
Le processus des stress tests
L’EBA a testé 48 groupes bancaires, qui représentent 70% de l’encours du système bancaire de la zone européenne. Elles ont été soumises à un scénario adverse caractérisé par une baisse cumulée de PIB de 2.7% sur trois ans, une inflation cumulative de 1.7% sur trois ans, une baisse cumulée des prix de l’immobilier résidentiel de 19.1% et commercial de 20% sur trois ans.
Dans les stress tests, les banques sont comparées à un Core Tier ratio de 8% dans le scénario Baseline et 5,5% dans le scénario Adverse. Toute valeur de ce ratio de fonds propres proche ou inférieure à 5.5% est susceptible d’alerter le régulateur sur le niveau de fond propre actuel d’un établissement.
Le régulateur du « vieux continent » précise que ce scénario adverse est plus rude que celui mené lors de l’exercice de 2014 et de 2016 et insiste sur la sévérité des hypothèses retenues.
Parmi les 48 banques, 33 font partie de la zone euro et les 15 autres ont leur siège en Suède, Danemark, Hongrie, Norvège, Pologne et Royaume-Uni.
Résultats satisfaisants mais…en double teinte
Les résultats du test ont révélé que toutes les institutions financières participant à l’examen européen avaient réussi le « scénario adverse » de la Banque centrale européenne. Les 48 banques ont battu le ratio de niveau intermédiaire de 5,5% sous un stress défavorable.
Tous les établissements français résistent au scénario défavorable et afficheront un ratio CET1 plein supérieur à 11,8% en 2020.
Les banques italiennes sont sous surveillance particulière à cause de leur taux élevé de prêts non performants NPE avoisinant 3 fois le taux moyen européen. Cependant, elles s’avèrent plutôt résilientes et robustes face au scénario adverse. En effet, Unicredit se distingue avec un ratio de 9.34%, tandis que UBI Banca affiche un ratio de 7.42%. Le ratio de fonds propres le plus faible pour les banques italiennes est de 6.6%.
La plus grande banque d’Europe, Deutsche Bank, a obtenu un bon résultat enregistrant un ratio de fonds propres de 8,14%, toujours dans un scénario défavorable.
Parmi les dix établissements les moins bien classés (CET1 plein de 6,37% à 8,45%), on retrouve deux britanniques, deux italiens, deux français (Société Générale et La Banque Postale), deux allemands, un espagnol et un autrichien.
La banque britannique Barclays s’est classée au dernier rang du test, affichant un ratio CET1 de seulement 6,37% dans le scénario défavorable mais au-dessus de 5.5%. La banque britannique Lloyds a également enregistré une performance « médiocre » avec un score de 6.8%.
Les résultats des « stress tests » doivent maintenant être intégrés dans le processus de surveillance et d’évaluation prudentielle (SREP), qui résume toutes les conclusions du superviseur de l’année écoulée. Les banques doivent recevoir leurs rapports individuels de la BCE en janvier 2019.
Bref, les résultats de cet exercice réglementaire annoncé comme plus « dur » que les précédents avec l’arrivée d’IFRS9 ont pu mettre en exergue les efforts fournis par certaines banques afin de mieux résister à une potentielle crise. Mais ils permettent aussi de pointer du doigt les faiblesses de certains établissements. Certes, cet exercice de stress test tient compte des spécificités de chaque établissement, mais les résultats sont à relativisés notamment pour la Société Génrérale figurant au bas de classement des banques françaises. Même constat pour les banques britanniques (effet du Brexit ?) et allemandes dont les résultats interpellent par rapport aux années précédentes. On s’attend à des nouvelles exigences de la part du « gendarme » des banques européennes afin de renforcer leur bilan et de poursuivre la réduction la part d’actif douteux.
Mehdi E.