Evolution des moyens de paiement et du e-commerce

Evolution des moyens de paiement et du e-commerce

Avec l’émergence des nouvelles technologies de communication, l’industrie bancaire se modernise profondément. Ainsi 2015 s’annonce comme une année charnière dans le secteur des moyens de paiement. Dans le but de renforcer la sécurité ou d’améliorer le service client, des solutions innovantes sont proposées par les acteurs historiques (banques, organismes Visa et MasterCard…) d’une part, mais aussi par de nouveaux acteurs tels que Apple, Samsung et Google qui ont fait leur apparition tout récemment dans ce marché. Ces derniers ont compris les enjeux et les opportunités à saisir dans une industrie qui ne cesse d’évoluer.

Les enjeux du marché

  • Renforcer la sécurité

La fraude par carte bancaire sur Internet a progressé en Europe de 21% entre 2011 et 2012 (derniers chiffres disponibles). Afin de renforcer la sécurité des paiements à distance (notamment sur Internet) tout en les rendant plus simples pour l’usager, les acteurs du secteur développent de nouveaux protocoles d’authentification. Par exemple, le GIE (Groupement d’Intérêt Économique) Cartes Bancaires et les banques françaises testent actuellement de nouveaux modes d’authentification, appelés à remplacer le dispositif d’authentification renforcé 3D Secure. Parmi les pistes à l’étude : l’authentification biométrique et les cartes à code de sécurité dynamique. L’authentification biométrique permet d’authentifier le paiement grâce à l’empreinte vocale. Cette technologie a déjà été mise en œuvre par la Banque Postale dans le cadre d’un service en cours d’expérimentation et baptisé Talk To Pay. À l’inscription, le client enregistre sa voix sur le site du service et y associe ses coordonnées de carte bleue. Au moment de l’achat, Talk To Pay génère un appel sur le mobile du client, qui s’authentifie par la voix et grâce à un code aléatoire à usage unique généré par le service. La carte à code de sécurité dynamique est une carte équipée d’un mini-écran, elle modifie à intervalles réguliers le cryptogramme à 3 chiffres situé au dos de la carte. Cette technologie est développée par Oberthur Technologies, et est en phase de test avec quelques banques françaises. D’après le quotidien les Échos, les systèmes les plus probants pourraient être généralisés en fin d’année 2015.

  • Améliorer le service client

Avec le développement du commerce sur Internet, les usagers du Web 2.0 ont progressivement changé leur mode de consommation. Ayant compris cet enjeu, les organismes financiers ont développé de nouvelles offres de paiement en ligne qui permettent de simplifier et de fluidifier l’acte d’achat sans toutefois compromettre la sécurité. En 2015, les principales banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Crédit Mutuel ARKEA… ) vont progressivement déployer le portefeuille électronique franco-français Paylib afin de concurrencer les solutions déjà existantes : PayPal et Google Wallet lancé en 2011. La solution Paylib permettra aux clients de pouvoir régler leurs achats sur Internet en utilisant uniquement un identifiant et un mot de passe. Ainsi, le secteur bancaire français tente de reproduire ce qui a fait le succès de la carte bancaire depuis les années 1980 : l’interbancarité. Celle-ci a permis à la carte bancaire d’être acceptée par tous les commerçants quelle que soit leur banque. Dans le sillage de la modernisation du paiement en ligne, des solutions de paiement mobile sans contact utilisant la technologie NFC (Near Field Communication) ou le Cloud sont développées par les grands acteurs de l’industrie mobile (Apple, Samsung… ) pour faciliter le règlement des achats chez des commerçants « physiques ». Elles seront accessibles pour leurs clients dès cette année 2015.

Les solutions apportées par les principaux acteurs

  •  Le paiement en ligne : Le portefeuille électronique ou e-Wallet

Selon l’Observatoire de la Sécurité des Cartes de Paiement (OSCP), le portefeuille électronique est une solution qui permet de confier à un tiers de confiance ses données personnelles et de paiement, qui sont stockées en vue de réaliser des opérations de paiement. Plusieurs cartes (carte de paiement, carte de fidélité, etc.) peuvent être regroupées dans un même portefeuille. Le pionnier du portefeuille électronique Paypal assiste à l’arrivée de grands concurrents dans son pré carré, le paiement en ligne. Créée en septembre 2013 par un pool de banques (BNP Paribas, Société Générale et La Banque Postale), la solution Paylib a déjà séduit 270 000 clients et est référencée par plus de 600 e-commerçants dont le mastodonte « voyagesncf.com ». Conscient de ce succès, les banques Crédit Agricole et LCL proposeront aussi à leurs clients de régler leurs achats en ligne avec Paylib, dès cette année 2015. Au total, avec le crédit Mutuel ARKEA qui en a fait autant à l’été 2014, la solution Paylib sera disponible courant 2015 pour près d’un français sur deux. Son utilisation est assez simple. Il suffit de l’ouvrir auprès de sa banque (en ligne le plus souvent), et d’y enregistrer les données de sa carte bancaire pour pouvoir régler ses dépenses sur Internet avec seulement un identifiant et un mot de passe.

En revanche, Paylib ne fonctionne pas encore sur les sites étrangers. De plus, les clients qui y souscrivent ne peuvent enregistrer que les cartes de leur banque. Des points faibles sur lesquels Visa et MasterCard comptent pour imposer leur portefeuille électronique respectif, V.me et MasterPass, conçus pour fonctionner partout en Europe. Néanmoins, grâce à un accord signé en novembre 2014 avec MasterCard, les Français titulaires de Paylib pourront aussi payer d’ici fin 2015 sur les sites étrangers en utilisant le portefeuille électronique MasterPass, déjà adopté par plus de 60 000 commerçants dans 13 pays.

  • Le paiement mobile sans contact

Avec l’avènement de la technologie sans contact NFC, les grands opérateurs téléphoniques en association avec les organismes financiers ont développé de nouveaux services de paiement utilisant des terminaux mobiles. Par exemple, Apple Pay, le service de paiement sans contact proposé par Apple, a été lancé aux ÉtatsUnis en octobre 2014. Selon une récente étude de l’institut américain ITG, la solution d’Apple est déjà utilisée dans plus de 220 000 magasins et elle a représenté 1% des paiements électroniques aux USA dès le mois de novembre 2014. C’est un bon chiffre lorsque l’on sait que pour l’instant, Apple Pay est limité aux États-Unis et uniquement pour les seuls usagers de l’iPhone 6. À titre de comparaison, Google Wallet a représenté 4% des paiements numériques en novembre, alors que ce service existe depuis 2011. Apple souhaite capitaliser sur sa base d’utilisateurs d’iPhone, mais aussi créer des partenariats avec des acteurs locaux (comme Alipay en Chine) pour étendre ce service à l’étranger. Son arrivée en Europe est prévue pour 2015. D’après The Telegraph, les banques du Royaume-Uni seraient en phase de négociation avec Apple pour un lancement au premier semestre. Pour concurrencer Apple Pay, Samsung a acquis en février 2015 la solution LoopPay (service de paiement sans contact pour terminaux mobiles développé en 2012). Elle utilise la technologie dite de Magnetic Secure Transmission (MST). Son avantage sur Apple Pay (basée sur la technologie NFC) est qu’elle est compatible avec 90% des lecteurs de cartes bancaires à piste magnétique, utilisés par la quasitotalité des marchands américains. Aussi, le spécialiste des cartes bancaires Visa s’est lancé dans ce marché du paiement mobile en proposant une offre ciblant les smartphones Android équipés de NFC. Développée en partenariat avec Atos Worldline, cette solution est basée sur une technologie Host Card Emulation (HCE), qui utilise un système de stockage en ligne (Cloud). Concrètement, les utilisateurs pourront payer en approchant leur smartphone des terminaux de paiement compatibles NFC, après avoir téléchargé l’application mobile dédiée. Au-dessus de 20 € d’achat, un code leur sera toutefois demandé. Leurs données de carte bancaire seront conservées dans le Cloud et les commerçants n’y auront accès que via des « alias » à usage limité. La France représente un marché à fort potentiel pour cette offre. En effet, les smartphones équipés du système Android représentent 70% du parc en France, contre seulement 15% pour Apple. Et selon l’observatoire du NFC et du sans contact, plus de 27 millions de cartes bancaires et 7,2 millions de mobiles sont équipés de la technologie NFC en France. Mais pour l’instant, seuls 19,7% des commerçants sont équipés en terminaux de paiement sans contact. L’arrivée d’acteurs de l’industrie mobile (Apple, Samsung, Google… ) dans le marché des moyens de paiements a profondément restructuré ce secteur bancaire. Ils ont su profiter du développement du commerce sur Internet et des nouveaux moyens de communication pour s’imposer dans un marché qui jusqu’ici s’articulait autour des banques et des principaux organismes financiers tels que Visa, Mastercard. Cette nouvelle concurrence profite bien évidemment aux consommateurs, qui se voient proposer de nouveaux outils pour régler de façon sécurisée et simplifiée des paiements que ce soit en ligne ou chez des commerçants « physiques », ce qui est au fond le but recherché par le consommateur. Si les moyens de paiement traditionnels (espèce et chèque) font de la résistance, les nouveaux (NFC, wallets, paiement mobile… ) vont se multiplier et les usages peut-être se développer. Alors, paierez-vous toujours de la même façon dans un an ?

Alain Cédric T.

Pôle Paiements et Cash Management

958 780 CMG Consulting Group
CMG Consulting Group
Rechercher...