
Quel est l’avenir de la blockchain ?
Avant tout, il faut déblayer le terrain et définir ce qu’est la blockchain. L’année 2017 a révélé le phénomène technologique blockchain grâce aux crypto-monnaies et ainsi rendu visible aux yeux de tous, cette révolution naissante.
Plus précisément, la blockchain est une technologie qui permet notamment de pouvoir stocker et transmettre des données de façon transparente, identifiable et surtout décentralisée. C’est la décentralisation de ces données qui procure à la blockchain toute sa valeur ajoutée. Cette dimension est comparable à celle d’Internet (TCP/IP). Effectivement, « Internet transfère des paquets de données d’un point A à un point B, alors que la blockchain permet à la « confiance » de s’établir entre des agents distincts du système* » et non plus centralisateur. A terme, la blockchain pourrait ainsi remplacer les organismes et les entités « centralisateurs » tels que les banques, les notaires, les assureurs… Mais avant cette révolution, il y a plusieurs étapes d’évolution. C’est pour cette raison, que la blockchain est portée par autant d’investisseurs dans le monde, car elle pourrait devenir le protocole d’échanges qui va révolutionner le paysage informatique mondial dans tous les secteurs économiques, sociaux et juridiques, au même titre qu’Internet durant ces dernières décennies.
La maturité technologique
La blockchain est comme toute technologie fondamentale ; son cycle de vie passe plusieurs phases de maturité du point de vue de l’acceptation et l’utilisation de cette dernière. On mesure cette maturation selon deux axes : la nouveauté et la complexité de mise en place de cette nouvelle technologie. Ainsi se dégage, quatre phases :
- l’usage unique (degré de nouveauté et de complexité faible),
- la localisation (degré de nouveauté élevé et de complexité faible),
- la substitution (degré de nouveauté faible et de complexité élevé),
- la transformation (degré de nouveauté et de complexité élevés) .
On évoquera dans cet article uniquement cette dernière phase de maturation, qui est la finalité première de la blockchain, celle de la libéralisation des transferts de données.
Vers une acceptation sociale, juridique et politique majeure
La transformation nécessite de « coordonner les activités de nombreux acteurs et d’obtenir l’accord des institutions concernant les standards et les process* ». C’est pourquoi nous ne sommes encore qu’au commencement d’une telle vision, car cela ajoute une couche extrêmement complexe d’acteurs qui voient poindre au loin la menace blockchain. Ne dit-on pas en Chine que le mot « crise » est associé à deux idéogrammes « danger » et « opportunité », et c’est sur cette dernière que beaucoup d’acteurs y voient des fenêtres ouvertes sur un autre monde aux opportunités colossales.
En effet, prenons pour exemple, « le smart contract » ; un contrat intelligent qui permettrait une automatisation des paiements au crédit comme au débit, qui serait déclenché par un ou plusieurs évènements spécifiques. Les « smart contracts » représenteraient ainsi le plus gros potentiel de transformation, que ce soit au niveau des paiements, des transferts de devises ou autres actifs. Prenons un autre exemple, au sein d’une entreprise utilisant ces contrats. A la réception de sa marchandise (détectée par geofencing GPS/tag RFID) se déclenche une exécution automatique du contrat en procédant au paiement du fournisseur et en actualisant la comptabilité (registre comptable mis à jour), et la partie logistique (entrée dans la marchandise dans les stocks de l’entrepôt). Dans le même registre, il existerait aussi des « smart properties » qui permettraient d’enregistrer tous les documents nécessaires à l’établissement du titre de propriété du point de vue notarial et juridique, sans oublier le cadastre. Ils permettraient ainsi de stocker définitivement, publiquement et de façon infalsifiable ces dits contrats dans la blockchain. Le potentiel est énorme surtout dans les pays en voie de développement dans lesquels la notion de propriété est très peu cadrée et mène souvent à des conflits.
Au travers de ces quelques exemples, l’adoption de la blockchain permettrait de supprimer les intermédiaires en automatisant la décision à tous les niveaux dans le processus. Le risque est donc bien présent pour les organismes « centralisateurs » et certaines professions dites intermédiaires comme les avocats, les notaires, les comptables… Qui seront absorbés par l’optimisation qu’offre la blockchain.
Cependant, avant d’en arriver à un tel degré de transformation globalisée, il faut encore améliorer l’un des piliers de la blockchain, celle de la sécurité. Cela laisse entrevoir encore quelques années avant de voir apparaitre ce nouveau monde.
Mehdi B.